1ère Journée Mondiale des jardins familiaux

J'éprouve un attachement particulier pour ces quelques mètres carrés de verdure que s'octroient certains de mes congénères, j'y ai en effet moi-même passé mon enfance, pas loin de l'Aéroport de Genève, au pied de gigantesques citernes de gaz. Je me demandais d'ailleurs à quel rythme je serais soufflée si elles venaient à exploser... le décor est posé.

Aujourd'hui encore, je passe chaque jour avec ma voiture devant les jardins qui longent l'entrée de l'autoroute que j'emprunte, et où drapeaux portugais voisinent avec croix blanches helvétiques. Une morceau de terre en pleine zone urbaine, permettant aux mains vertes de montrer leur talent à leur famille, certes, mais à leurs voisins, surtout. Vous seriez étonnés de voir à quel point les jardins familiaux disposent de leurs propres règles internes, de leurs codes. Les robinets auxquels vous pouvez vous approvisionner en eau, les locataires auxquels il ne fait pas bon parler, ceux qu'il faut saluer, les astuces que l'on se pique à gauche et à droite et celles que l'on garde jalousement. Tout le monde y connaît tout le monde et si vous entrez dans la zone, vous serez immédiatement repéré, voire enregistré... en attendant que les informations vous concernant aient fait le tour des jardins.

Ici, on compare la taille des rosiers, la précocité de certaines légumineuses et les engrais choisis pour les plus belles pièces. Les jardins familiaux, ce sont plus que des espaces verts: ce sont les signifiants d'un pouvoir bien particulier, mesuré aux kilos récoltés et au nombre d'invités autour de la table... Un univers en soi, je vous dis.

Alors, un conseil: ne vous avisez pas de piétiner les tranchées creusées, vous pourriez bien finir avec du goudron et des plumes!