Les Journées Mondiales de l'absurde, ça sert à quoi?

A rien, si ce n'est à glorifier à grands renforts de blabla et de visuels longuement travaillés et réfléchis les causes que vous ne verrez jamais ailleurs, ou que vous n'auriez jamais dû voir ailleurs...

mardi 29 mai 2012

1ère Journée Mondiale de la planète inconnue

Vous avez entendu parler des gens qui viennent de Mars et de ceux qui viennent de Vénus? Une symbolique astronomique pour parler de deux univers distincts: celui des hommes d'un côté et des femmes de l'autre. Une analyse binaire qui satisfait apparemment la grande majorité. Et pourtant...

Quid de ceux qui se retrouvent par pans entiers dans les deux, mais ne se reconnaissent aussi dans aucun complètement, capables de se mettre à la place des uns comme des autres sans jamais les comprendre entièrement cependant?

Quid de cette population en marge qui ne se sent jamais à sa place nulle part et s'adapte partout, au prix parfois de se perdre soi-même à vouloir ressembler aux autres, tout en s'entendant dire qu'elle n'est conforme à rien?

Mi-hommes, mi-femmes, les habitants de cette autre planète possèdent des caractéristiques particulières: une hyper sensibilité au monde, une empathie exacerbée qui assure leur popularité en même temps qu'elles suscitent le rejet, parce que trop différents ou trop parfaitement adéquats; un sentiment de solitude profond en même temps qu'une attache viscérale à leurs congénères dont ils cherchent la reconnaissance alors qu'ils ne sont pas capables de se reconnaître entre eux ou eux-mêmes, tout simplement; une passion dévorante pour des sujets aussi divers que multiples les faisant passer pour des touche-à-tout quand ce n'est pas pour des dilettantes, incapables de se concentrer sur une seule chose.

Une curiosité jamais rassasiée, des talents multiples mais difficiles à assumer quand le regard des autres induit l'incapacité à en faire un usage judicieux, et donc le sentiment de gâcher le don injustement consenti. L'impression de marcher dans les mauvaises chaussures, trop grandes ou trop petites, alors qu'on est fait pour marcher pieds nus, et tracer une voie qui n'a pas encore été ouverte par d'autres, ou si peu.

La pression des autres pèse sur ces épaules-là, bien sûr, mais le plus douloureux, c'est la pression qu'ils se mettent eux-mêmes, débordant d'attentes et d'exigences, à la mesure d'idéaux qui vont de paire avec leur ambition de la vie, leur amour pour la vie, leur conception du sens à donner à cette vie. Une vie qu'ils peinent pourtant à se donner le droit de se l'approprier.

Certains passent leur existence à ignorer leur planète d'origine, essayant en vain de rejoindre les habitants de Vénus ou de Mars, avec cette sensation indéfinissable de passer à côté de quelque chose, mais de quoi, sinon d'eux-mêmes? Une blessure invisible qui les empêche de devenir ce que, pourtant, ils sont. D'autres finissent, au détour d'un livre ou d'une rencontre, par trouver la fameuse planète sur une carte tenue secrète, révélée soudainement à leurs yeux par l'acceptation de ce qu'ils sont, comme un sésame vers la liberté la plus absolue: le droit d'être, enfin, ce que l'on a toujours été. Un être à part.


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